Le lien entre nutrition et beauté est aujourd’hui solidement établi et confirmé par de nombreuses études scientifiques. L’alimentation n’est plus seulement considérée comme un facteur de santé, mais également comme un levier direct sur l’apparence.
Dans ce contexte, les frontières entre nutrition et cosmétique deviennent poreuses. La "foodification" et la "nutraceutisation" ont ouvert la voie à un nouveau segment : la nutricosmétique, ou beauté "In & Out".
Un marché mondial et européen en plein essor
La nutricosmétique regroupe les compléments alimentaires formulés pour des bénéfices beauté : peau, cheveux, éclat, protection solaire. L’OMS définit la santé comme un état de bien-être physique, mental et social complet [1]. La beauté, partie intégrante de ce bien-être, trouve donc toute sa légitimité au sein de ce marché hybride.
À l’échelle mondiale, le marché représentait 7,29 milliards de dollars US en 2024 et devrait atteindre 7,78 milliards en 2025, avec un taux de croissance annuel moyen compris entre +8 et +9 % d’ici 2030 [2][3].
L’Asie, berceau de la nutricosmétique, reste le moteur principal, concentrant les plus fortes parts de marché et des taux de croissance records.
En Europe, le marché a été évalué à 2,62 milliards de dollars US en 2023, avec une projection de croissance annuelle moyenne de 7% jusqu’en 2031 [4]. La répartition par segment reste dominée par les produits pour la peau (environ 50%), suivis par les soins capillaires (environ 40%) et les solaires (environ 10%) [5].
Une dynamique confirmée en France
La France s’inscrit pleinement dans cette tendance. En 2024, le marché des compléments alimentaires a atteint 2,9 milliards d’euros, contre 2,7 milliards en 2023, soit une croissance de +5,7% [6].
Le segment beauté de l’intérieur connaît une progression particulièrement marquée : +7% en pharmacie, +8% en parapharmacie et +13% en grande distribution [6].
La consommation est par ailleurs bien ancrée : 61% des Français déclarent prendre des compléments alimentaires et 77% d’entre eux en consomment plusieurs fois dans l’année [7].
Parmi les usages, la recherche de bénéfices beauté gagne du terrain, notamment chez les 25-45 ans, sensibles aux solutions naturelles et innovantes associant efficacité et praticité.
Les actifs phares et leurs promesses
La peau, promesse numéro un
Les produits orientés vers la peau dominent la nutricosmétique. Ils ciblent le vieillissement cutané, l’hydratation et l’éclat. La vitamine C est largement utilisée pour ses propriétés antioxydantes, tandis que l’acide hyaluronique est prisé pour ses capacités de rétention d’eau, bien que les allégations santé sur l’hydratation ne soient pas autorisées en Europe.
Le collagène et la vitamine D complètent ces formules, souvent positionnées sur la fermeté et l’effet bonne mine. Les biotiques, en lien avec l’équilibre du microbiome cutané, connaissent aussi une forte popularité.
Les cheveux, un marché en croissance
Les promesses capillaires incluent le renforcement, la stimulation de la croissance, la lutte contre la chute, mais aussi le volume et la brillance. La kératine, protéine constitutive du cheveu, est l’actif phare de ce segment.
Même sans allégation santé officielle, elle illustre la volonté des marques de répondre aux besoins liés aux agressions quotidiennes (UV, chaleur, pollution) qui fragilisent la fibre capillaire.
Les solaires, une saisonnalité marquée
Les nutricosmétiques solaires connaissent un fort succès en été. Ils visent soit la préparation de la peau avant l’exposition, soit la stimulation du bronzage, soit la prolongation du hâle.
La mélanine et les antioxydants dominent ces formules, avec la promesse de protéger la peau du stress oxydatif généré par les UV. Ces produits restent toutefois des compléments : ils ne remplacent ni les vêtements protecteurs ni les crèmes solaires.
Le phénomène "In & Out"
La nutricosmétique ne se substitue pas à la cosmétique topique mais la complète. Les cosmétiques représentent l’action "Out", agissant à la surface de la peau et des cheveux, tandis que la nutricosmétique incarne l’action" In", en ciblant la beauté de l’intérieur.
Cette complémentarité se traduit par des stratégies de marché visibles : des marques cosmétiques intègrent désormais des compléments alimentaires dans leurs gammes, tandis que des laboratoires de compléments collaborent avec des acteurs de la beauté pour offrir des routines globales "In & Out".
Les attentes des consommateurs
Les tendances actuelles renforcent les exigences : hyper-segmentation (produits pour hommes, pour cheveux afro, par tranches d’âge), naturalité, durabilité des formules et des emballages, transparence accrue sur l’origine des ingrédients.
En 2022, 24% des consommateurs de compléments alimentaires affirmaient en consommer pour être plus beaux [8]. Cette motivation progresse, notamment auprès des jeunes générations, qui considèrent la beauté comme indissociable du bien-être global.
La nutricosmétique suit également les grandes tendances du marché : végétalisation, upcycling, clean label et éco-responsabilité.
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Sources
[1] OMS, Définition de la santé, 1946
[2] Fortune Business Insights, Nutricosmetics Market Size, Growth, Forecast, 2024.
[3] Mordor Intelligence, Nutricosmetics Market Size & Share Analysis, 2025.
[4] Verified Market Research, Europe Nutricosmetics Market Size & Forecast, 2023.
[5] Markets and Markets, Nutricosmetics Market by Ingredient & Application, 2023.
[6] Pepswork, Le marché des compléments alimentaires en France en 2024, 2024.
[7] Synadiet, Les compléments alimentaires et leur consommation en France, 2024.
[8] FMCG Gurus, Consumer Survey on Beauty from Within, 2022.